À marée basse, c’est un moment magique, des ruisseaux d’eau tourbillonnent à travers le sable, les falaises blanches du Cap Blanc-Nez se dressent derrière moi. Il n’y a pas une âme qui vive. Cette pointe escarpée marque le début de la Côte d’Opale, qui s’étend du sud-ouest de Calais sur environ 120 kilomètres, faisant partie de la région du Pas-de-Calais.
Alors que la plupart des voyageurs arrivant à Calais ou à Boulogne se dirigent directement vers Paris et au-delà, je suis ici pour explorer ce coin de France abordable et souvent délaissé. La sauvage « Côte d’Opale » offre des plages de sable, des ports de pêche et de pittoresques stations balnéaires, et à 48 kilomètres à l’intérieur des terres se trouvent les fascinants et attrayants jardins maraîchers de l’Audomarois : d’immenses zones humides préservées à l’extérieur de la ville médiévale de Saint-Omer, ma prochaine destination.
Le Cap Blanc-Nez se détache des falaises de craie abruptes qui courent jusqu’à un second promontoire sauvage, le Cap Gris-Nez. Randonner ou pédaler les 16 kilomètres séparant les deux caps peut prendre une journée : l’itinéraire traverse des dunes et des plages désertes qui semblent infinies. Juste à côté du Cap Blanc-Nez, l’accueillant Hôtel l’Escale, tenu par une famille, est une bonne base pour explorer la côte et goûter à la cuisine locale de premier choix. Le chef Vincent Brignoli, de troisième génération, crée un menu dîner à 26 € utilisant des produits locaux et de saison : il peut inclure une terrine de porc aux endives et genièvre, une soupe maison intense de morue épaisse dans une sauce crémeuse aux crevettes, le piquant fromage maroilles d’une laiterie artisanale voisine et une mousse au chocolat à tomber.
Le lendemain, je me dirige vers le sud en direction de Boulogne-sur-Mer. Chaque station balnéaire que je passe réserve des surprises. Wissant propose un marché de rue tous les mercredis, idéal pour acheter un pique-nique de plage avec des produits du village comme le fromage de chèvre bio de La Fromagerie en Herbe et les fruits et légumes fraîchement cueillis des Jardins Intrépides. Le paisible village de pêcheurs d’Audresselles est célèbre pour ses flobards – des bateaux à fond plat utilisés pour la pêche au crabe (un festival du crabe a lieu chaque été) – et sur le front de mer se trouve l’endroit le plus étrange où séjourner sur la côte, Le Ch’Ti Blockhaus. C’est un bunker de la seconde guerre mondiale en béton converti en un B&B de quatre chambres.
À un kilomètre de là se trouve Ambleteuse, où la promenade de la plage est marquée par un fort imprenable s’avançant dans la mer. La fortification classée par l’Unesco a été construite au 17ème siècle par le célèbre architecte militaire le Marquis de Vauban pour protéger le port. Pour me mettre en appétit, je suis le flux constant de randonneurs à travers la plage, passant devant des familles qui cherchent des coquillages parmi les rochers, et entrant dans les dunes de sable qui montent jusqu’au bord de l’estuaire de la rivière Slack.